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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 15:25
Le brave (Li Bai )

 

Le brave de Tchao attache son casque avec une corde grossière ;

Mais son sabre, du pays de Ou, est poli comme la glace et brillant comme la neige ;

Une selle brodée d’argent étincelle sur son cheval blanc,

Et quand il passe, rapide comme le vent, on dirait une étoile qui file.

A dix pas il a déjà tué son homme ;

Cent lieues ne sauraient l’arrêter.

Après l’action, il secoue ses vêtements et le voilà reparti.

Quant à son nom, quant à ses traces, il en fait toujours un secret.

S’il a du loisir, il s’en va boire chez Sin-ling2 ;

Il détache son sabre et le met en travers sur ses genoux.

Le prince ne dédaignera ni de partager le repas de Tchu-haï 3,

Ni de remplir une tasse pour l’offrir à Heou-hing3.

Trois tasses bues pour une chose convenue, c’est un engagement irrévocable ;

Les cinq montagnes sacrées4 pèseraient moins que sa parole.

Quand ses oreilles s’échauffent, quand le vin commence à troubler sa vue,

Rien ne semble impossible à son humeur impétueuse ; il embrasserait un arc-en-ciel.

Un marteau lui suffit pour sauver un royaume5,

Le seul bruit de son nom inspire autant d’effroi que le tonnerre ;

Et, depuis mille automnes, deux de ces hommes forts6

Vivent toujours avec éclat dans la mémoire des habitants de Ta-leang7.

Les os d’un brave, quand il meurt, ont donc au moins le parfum de la renommée ;

N’est-ce point pour faire rougir tout homme d’élite qui ne s’adonne qu’à l’étude !

Qui pourrait acquérir un tel nom, la tête inclinée devant sa fenêtre,

En y blanchissant sur les livres comme l’auteur du Taï yun king8 ?

1. J’ai traduit les caractères Hiè-kè, littéralement intrépide voyageur, par le mot brave, faute d’une expression plus juste que je ne trouve pas en français. Le Hiè-kè tient à la fois du bravo et du condottiere, du chevalier errant et du chef de bandits. C’est un des types curieux de la Chine ancienne, dont on trouve de vigoureuses peintures dans la traduction que M. Pavie a donnée d’une grande partie du San-koué-tchi. On verra, par les notes ci-après et par la pièce suivante, qu’il peut être opulent ou misérable, enfant du peuple ou fils de roi.

2. Le prince de Sin-ling était le frère cadet d’un roi de Oey, qui vivait au me siècle de l’ère chrétienne. Il faisait grand cas des braves, et son histoire, rapportée par un commentateur des poésies de Li-taï-pé, nous fournira des éléments précieux pour apprécier ce que les Chinois entendaient par ce mot.

Un vieillard de grand mérite et de grand talent, nommé Heou-hing, était devenu concierge de l’une des portes de la ville, où il se faisait oublier (notons en passant que ces hommes d’élite qui se cachent pour ne pas être employés, préférant un obscur gagne-pain aux tracas et aux incertitudes de la vie publique, sont encore un des types curieux et très fréquents de la société chinoise). Heou-hing se cachait donc ; Sin-ling en fut informé et lui fit des offres considérables, mais le vieillard ne voulut rien écouter ; alors le prince, qui tenait du moins à l’avoir à sa table, alla le chercher lui-même et le mit à la place d’honneur, au grand étonnement des autres convives. Puis il lui demanda s’il connaissait quelque sage, quelqu’un de ces hommes sur lesquels on pouvait compter : « J’en connais un, dit Heou-hing ; c’est mon voisin, le boucher Tchu-haï. » Et le prince, quelques jours après, ne manqua pas d’aller lui-même à la demeure de cet homme d’élite. Ne l’ayant point rencontré, il y retourna deux fois, mais sans plus de succès ; Tchu-haï ne lui rendit pas même sa visite. Nous verrons plus loin comment il s’en excusa.

La Chine était alors divisée en plusieurs royaumes qui cherchaient mutuellement à s’absorber, et celui de Tsin, plus envahissant que tous les autres, était sur le point de conquérir celui de Tchao. Le roi de Tchao implora l’assistance du roi de Oey, qui envoya tout d’abord cent mille hommes à son secours ; mais, se laissant bientôt intimider par les menaces du conquérant, il donna l’ordre à son général de garder la défensive, et de ne point se porter en avant. En vain le prince de Sin-ling représentait-il à son frère combien il était dangereux et impolitique de laisser grandir la puissance de Tsin ; le roi de Oey persistait dans ce parti de l’inaction. « Que faire ? demande Sin-ling à son vieux conseiller. --- Il faut, dit Heou-hing, dérober le sceau du roi, fabriquer un ordre qui vous donne le commandement de l’armée, et partir sur-le-champ pour diriger vous-même le mouvement. --- Mais comment dérober le sceau qui est toujours aux côtés de mon frère ? --- Rien de plus simple ; le roi a pour favori un jeune homme qui n’a pu venger encore la mort de son père ; nous allons envoyer un brave chercher la tête du meurtrier, et le fils reconnaissant ne pourra refuser le service qu’on lui demande. » Les choses se passent exactement comme on l’avait calculé, et voilà déjà, grâce au secours d’un brave, le prince de Sin-ling en possession d’un premier moyen d’action. « Mais, objecte encore le prince, si le général, se méfiant de quelque chose, allait refuser de m’obéir ? --- En ce cas, réplique Heou-hing, ce serait le cas de faire usage de mon voisin Tchu-haï ; je vais vous le chercher à l’instant. » Arrive Tchu-haï, le sourire à la bouche : « Prince, dit-il, vous êtes venu jadis pour me voir, et n’étant point un homme à faire des cérémonies, j’ai jugé inopportun de vous rendre votre visite ; aujourd’hui qu’il est question d’agir, je suis à vous, et me voici. --- Partez donc maintenant, dit Heou-hing ; tout est bien combiné ; l’entreprise ne peut manquer de réussir. »

En effet, tout se passe à merveille. Le prince de Sin-ling montre au général le sceau de son frère ; le général hésite, comme on le prévoyait, il parle d’expédier d’abord un courrier ; mais Tchu-haï accompagne le prince ; c’est un homme très fort et, nous le savons, très déterminé ; il tire de sa manche un marteau du poids de quarante livres, et il assomme le général d’un seul coup. « Ce général était un rebelle, dit alors le prince aux officiers qui accourent en tumulte ; il refusait d’obéir aux ordres du roi. » Et prenant lui-même le commandement de l’armée, il remporte une victoire complète sur l’ennemi commun.

3. Voir la note précédente.

4. Voir la note 6 de la pièce suivante.

5. Voir la note 2 ci-dessus.

6. Sin-ling et Tchu-haï.

7. L’ancienne capitale du royaume de Oey.

8. Le Taï yun king est un ouvrage d’érudition dont l’auteur, Yang-hiong, était célèbre par son opiniâtreté au travail. Il avait les cheveux blancs qu’il étudiait encore tout le jour devant sa fenêtre, derrière un rideau tiré. Beaucoup de gens n’avaient jamais vu sa figure. Li-taï-pé, qui le prend pour type du lettré studieux, dirige souvent contre lui des allusions moqueuses, et notamment à la fin de la pièce : A cheval ! à cheval et en chasse ! que je donne plus loin

 Un type bizarre en face de l'école qui fume des trucs un peu strange j'ai l'impression.

                           La chine à vélo, c'est quelque chose quand même...  Surtout aux heures de pointe.  Avant/Aprés.          

                                                        

Moi sur mon fier destrier...Une photo pour évacuer le stress et le trac avant la série de cours à donner.

                           Le ferrailleur juste en bas de chez moi....

 

En face de chez moi toujours, une petite rue sympa...

 

Mon cybercafé , mon QG , ma cantine privée , presque ma seconde maison à Nankin à coté de chez moi.

Une serveuse avec qui j'aimai bien discuter.

La patronne du cybercafé, trés sympa aussi. Elle m'avait gardé une place rien que pour moi à la fin de l'année.

 Cette femme, je lui dois tout, elle m'a servi des tas de bonnes choses à manger ,elle m'a pratiquement nourri toute l'année . Des plats entre saveurs chinoises et occidentales trés bons et savoureux. Longue vie à elle ! 

                              

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